Intrapreneur VS Entrepreneur : comprendre la vraie différence
Au fil de mes missions et rencontres dans le monde professionnel, j’ai croisé des personnes brillantes qui portaient des idées révolutionnaires… mais ne rêvaient pas nécessairement de créer leur propre entreprise. Ils préféraient innover au sein de leur organisation, en prenant des risques mesurés, en se battant pour faire passer des projets, parfois en bousculant la hiérarchie.
Ce sont ces profils qu’on appelle aujourd’hui des intrapreneurs.
À l’inverse, d’autres n’ont pas voulu évoluer dans un cadre existant. Ils ont tout quitté pour bâtir leur propre structure, sans filet, avec ce goût de la liberté… et du risque. Ce sont les entrepreneurs que l’on connaît mieux, car leur parcours est souvent plus visible.
Mais ces deux figures sont complémentaires et essentielles à l’innovation.
Comprendre leurs différences (et leurs points communs), c’est mieux orienter les talents et les organisations.
Qu’est-ce qu’un entrepreneur ?
Un entrepreneur est une personne qui conçoit, lance et développe une entreprise en partant de zéro.
Il prend l’initiative, élabore un Pusiness Plan (Plan d'affaires), cherche des financements, monte une équipe, affronte les obstacles… et assume tous les risques.
Il bénéficie en contrepartie d’une grande liberté, mais porte aussi l’entière responsabilité du succès ou de l’échec de son projet.
Exemple mondialement connu
Elon Musk
Que ce soit avec Tesla, SpaceX ou Neuralink, Musk incarne l’entrepreneur visionnaire, prêt à défier les normes, investir son argent et affronter les critiques pour imposer sa vision.
Qu’est-ce qu’un intrapreneur ?
L’intrapreneur, lui, est un salarié qui agit comme un entrepreneur au sein même de son entreprise.
Il prend des initiatives, propose des projets innovants, porte des idées nouvelles… mais sans quitter l’organisation. Il utilise les ressources de l’entreprise, bénéficie d’un cadre sécurisé, mais avec une marge de manœuvre souvent négociée.
Exemple célèbre
Paul Buchheit chez Google
C’est lui qui a conçu Gmail. Google a laissé à ses ingénieurs un "temps libre" pour développer des idées personnelles, et c’est ainsi qu’est né l’un des services les plus utilisés au monde. Paul Buchheit n’a pas quitté Google pour cela, il a innové de l’intérieur.
Les différences clés à connaître
Dimension |
Entrepreneur |
Intrapreneur |
Statut |
Créateur d’entreprise |
Salarié d’une entreprise |
Prise de risque |
Personnelle et financière |
Limitée, partagée avec l’organisation |
Ressources |
Doit les mobiliser lui-même |
Utilise celles de l’entreprise |
Liberté d’action |
Totale |
Encadrée, dépend de la culture d’entreprise |
Impact de l’échec |
Élevé, peut être fatal pour l’entreprise |
Moindre, impact souvent individuel |
Entrepreneur VS Intrapreneur
Des passerelles possibles entre les deux
Il n’est pas rare de voir un intrapreneur devenir entrepreneur. Le passage peut être naturel, surtout si l’entreprise ne permet plus de porter ses projets avec autonomie. De même, certains entrepreneurs reviennent parfois dans de grandes structures pour y piloter des projets en intrapreneuriat, avec un impact plus rapide ou plus large.
Exemple hybride
Tony Fadell
Il a travaillé chez Apple et a contribué à l’invention de l’iPod (intrapreneuriat). Plus tard, il quitte Apple pour fonder Nest Labs (entrepreneuriat), une startup rachetée ensuite par Google.
Intrapreneuriat en contexte MENA : un atout stratégique pour l’avenir des entreprises
Dans un environnement de plus en plus incertain, les entreprises qui veulent rester compétitives doivent apprendre à faire confiance à leurs propres talents. Favoriser l’intrapreneuriat, ce n’est pas seulement encourager l’innovation : c’est créer un terrain où l’agilité, l’engagement et le sens de l’initiative peuvent s’exprimer sans avoir à fuir l’organisation.
Dans la région MENA, cela reste un défi. Le mindset managérial dominant repose encore souvent sur le contrôle, la hiérarchie verticale et la peur de l’échec. Beaucoup de collaborateurs brillants étouffent sous le poids des procédures, du formalisme et du "on a toujours fait comme ça".
Mais les choses évoluent. De plus en plus d’organisations commencent à comprendre que laisser de l’espace à leurs équipes pour expérimenter, tester, parfois se tromper, c’est gagner en résilience et en performance.
Exemple inspirant
3M
La multinationale américaine autorise ses ingénieurs à consacrer une partie de leur temps à des projets personnels. C’est de cette liberté qu’est né… le Post-it ! Un produit emblématique qui n’était pas prévu dans la stratégie initiale, mais qui a apporté une immense valeur.
Et pourquoi pas une telle culture chez nous ?
En résumé : dedans ou dehors, il faut oser entreprendre !
Entreprendre ne signifie pas forcément créer une startup. Parfois, c’est oser proposer une nouvelle façon de faire, initier un projet différent, ou simplement défendre une idée jusqu’au bout.
L’entrepreneur trace son propre chemin, avec la liberté comme moteur… et l’incertitude comme prix à payer.
L’intrapreneur, lui, agit de l’intérieur. Il compose avec les contraintes, mais peut avoir un impact fort et durable s’il est soutenu.
Dans notre région, où l’environnement institutionnel reste parfois rigide, il est essentiel de changer de posture avant de changer d’organisation.
Le bon choix n’est pas toujours de tout quitter. Parfois, le vrai courage, c’est d’oser entreprendre là où personne ne s’y attend : dans son service, dans son entreprise, dans son écosystème. C’est ça, l’esprit intrapreneurial.
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